Toutes les parties de jeu de rôle n’impliquent pas forcément des combats. Tout dépend du style de jeu joué et des attentes du groupe. Cependant on ne niera pas qu’à moins de jouer dans des jeux très politiques ou spécifiques, la confrontation physique reste un bon moyen de mettre de la tension dans la partie.
Comment rendre le combat palpitant, mémorable et unique ? Premier article d’une série sur les combats qui parlera de l’utilisation de terrains spécifiques.
Pourquoi et comment utiliser les terrains ?
Dans l’Art de la Guerre, Sun Tzu a dit : « Il y a neuf sortes de lieux qui peuvent être à l’avantage ou au détriment de l’une ou de l’autre armée. » Sans forcément aller dans autant de détail, utiliser des terrains spécifiques pour vos scènes de combat peut dynamiser la partie.
Choisir un lieu et un terrain spécifique pour le combat à venir permet déjà de donner une couleur narrative à ce combat. Les joueurs se souviendront par exemple du « combat dans le Marécage de la Mort » où ils étaient englués à moitié dans la boue, beaucoup plus qu’un autre combat plus classique ! Cela permet donc de sortir de l’ordinaire et de « colorer » une scène d’action.
L’autre élément qui peut plaider en faveur d’une scène de combat en terrain spécifique, c’est que cela peut dynamiser le jeu en donnant des options tactiques. Sans tomber dans le wargame ou la simulation, avoir un ou plusieurs terrains particuliers dans la zone de combat (et pas forcément un combat de masse, un simple combat de PJs contre un ou plusieurs adversaire peut être illustré par plusieurs types de terrains) pourra donner en jeu des options tactiques aux PJs et aux PNJs. Par exemple, dans le combat du Marécage de la Mort, on peut imaginer une entrave aux mouvements des personnages… les personnages rapides à se déplacer perdront donc leur avantage et devront trouver d’autres tactiques. On peut même imaginer dans ce combat une majorité de terrain humide et boueux et quelques zones en hauteur et/ou à sec où les personnages n’auraient pas cette entrave et seraient libres de leur mouvement ! Il y aura donc alors des enjeux autour de ces zones de plus grande liberté de mouvement en cours de combat. Tel PJ essaiera de se rapprocher de la dite zone, tel autre essaiera d’en repousser l’adversaire, etc… On introduit donc une petite dimension tactique dans le combat et de la tension pendant le jeu, que le système de jeu le permette ou non (et dans les faits, tout système de jeu peut être utilisé pour simuler d’une manière ou d’une autre les différents types de terrain, ne serait-ce que pas les bonus ou malus situationnels sur les jets).
Évidemment, il faut garder cela pour les grandes occasions : si tous les combats se déroulent dans des lieux hauts en reliefs, alors ils finiront par tous se ressembler ! L’idée est donc de garder les terrains distincts seulement pour certains combats mais pas tous (les plus importants dans l’histoire !). Attention également à rester flexible : peut être que vos PJs finiront par ne pas passer par tel endroit dans le jeu ou bien feront le même combat mais dans un autre lieu. Soyez donc prêt à changer votre fusil d’épaule et à vous adapter aux situations que créeront les joueurs en jeu, qui ne seront pas forcément celles que vous avez prévues.
Définir les types de terrains
Quand vous préparez (ou improvisez) une scène de combat avec différents types de terrains, cherchez à utiliser au maximum les spécificités du décor, en ajoutant éventuellement quelques détails qui changeront tout. Il s’agit en fait de partir du lieu du combat et d’imaginer différentes « zones » qui correspondront aux différents types de terrains. Selon le système de jeu, la définition de ces zones peut aller de simples mots ou malus à un dessins rigoureux case par case en passant par (ce qui sera le cas le plus fréquent) un simple « floor plan » ou croquis en vue d’avion expliquant rapidement les différents terrains.
Une manière de faire peut être de commencer par définir le terrain « standard » du combat, celui qui représentera l’essentiel de la zone de combat, le terrain « par défaut ». Ce dernier peut être normal (les joueurs se battent sur une route dans un canyon encaissé : le terrain standard est une route, sans malus spécifique), ou bien avec une spécificité (les joueurs se battent dans un marécage, le terrain standard est donc boueux et entrave au mouvement).
Une fois défini le terrain standard on ajoute les autres zones. Il y aura en général une autre zone spécifique, avec un effet particulier. Si votre terrain standard est normal, alors ce sera une zone à effet (dans le cas du canyon, la zone à effet sera la zone en hauteur où se trouvent les assaillants, qui leur donne un avantage), si votre terrain standard est à effet, alors la zone spécifique sera sans effet (dans le cas du marécage, les zones à sec). Comme on l’a dit précédemment, la géographie exacte de ces zones, selon le système de jeu, pourra être définie ou non, mais il faudra au moins définir un effet narratif ou ludique quand ces zones sont engagées.
En plus du terrain standard et des zones spécifiques, le meneur peut également ajouter une zone « spéciale ». Celle-ci sera unique sur la zone de combat, et aura un effet encore plus important en termes de jeu que les zones spécifiques. Autrement dit, un effet suffisamment important pour justifier que les PJs ou leurs opposants décident de se rendre dans cette zone spéciale en prenant plus de risques. Dans l’exemple du canyon, par exemple, cela peut être un endroit d’où il est possible de faire tomber des rochers sur l’ennemi en contrebas. Il y a alors un enjeu bien particulier d’aller à cet endroit précis. Dans le marécage, on peut imaginer une zone de sorcellerie protégée par des runes, avec un effet magique (si on est dans un univers médiéval fantastique). Cette zone spéciale peut alors devenir cruciale dans le déroulement du combat.
Attention enfin à ne pas démultiplier les types de terrains et de zones. Une bonne zone de combat avec des terrains spéciaux sera essentiellement composée d’un terrain standard, complétée par une ou deux zones de terrain spécifique (mais avec une seule spécificité) et/ou une zone spéciale. N’oubliez pas que le trop est l’ennemi du bien, surtout dans ce cas précis.
Que vous soyez amateurs de jeux tactiques de simulation ou de jeux plus narratifs, ajouter des terrains particuliers lors d’un combat ajoutera de la saveur à cette confrontation, et la rendra unique. N’hésitez donc pas à vous en servir ponctuellement !
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