Autour d’une table de jeu, ce qui fait la force et l’intérêt de notre passion, c’est le contact réel, humain et social qui se fait par le jeu de rôle.

Ce contact passe essentiellement par la parole, et comme dans toute situation où il faut s’exprimer, certaines personnalités sont beaucoup plus à l’aise que d’autres. Il peut même arriver, qu’un joueur un peu trop enthousiaste soit constamment en train de parler, voire de couper  la parole aux autres, allant parfois jusqu’à créer une gêne chez des joueurs plus timorés, ou gâchant l’intérêt de la partie pour ces derniers. En tenant que meneur, comment peut on gérer cette situation ou même en tirer avantage ?

Procéder avec ordre et méthode : les déclarations d’intention

Il n’est pas nécessaire de diaboliser le joueur en question : il ne procède sûrement pas de la sorte en partant d’un mauvais sentiment, mais plutôt d’un enthousiasme et d’un intérêt parfois incontrôlé. Il est tout à fait normal qu’au sein d’un groupe, il y ait des gens qui parlent plus et des personnes un peu en retrait, c’est même en quelque sorte une bonne chose. En effet, les personnalités plus timorées seraient mal à l’aise si quelqu’un n’était pas là pour combler les blancs, et il est agréable pour elles de temps en temps de pouvoir se reposer sur quelqu’un de dynamique et d’entraînant.

Quand la situation devient cependant trop incontrôlable et que les autres joueurs commencent à s’ennuyer de ne pas pouvoir en placer une, il est temps d’agir un petit peu ! La solution la plus évidente consiste à procéder à un tour de table et à demander à chaque personne ce que chaque PJ fait à ce tour, en essayant de passer à peu près autant de temps avec chacun. C’est relativement facile en situation de combat, où les systèmes d’initiative permettent de donner à chacun un bon temps de parole : le rythme est soutenu, intense et les joueurs bavards sont pris comme tous les autres dans le feu de l’action.

Une bonne  manière d’améliorer les choses est d’utiliser un système similaire en dehors de situations d’action : les déclaration d’intention. Le meneur fait un tour de table et demande à chaque joueur ce que son personnage souhaite faire. Il résout ensuite les actions liées à chacun en y passant un temps à peu près équivalent : un meneur un peu pointilleux pourra même garder un œil sur un chrono ou une montre pour s’assurer de garder une part égale de temps à chaque fois (par exemple : de 1 à 3 minutes de résolution par joueur).

L’histoire sur mesure

Le meneur peut également agir sur le scénario pour arriver à faire participer tout le monde au jeu de façon constructive. Le secret consiste à donner à chaque joueur l’occasion de briller dans le scénario au moins une fois. Si dans le groupe le PJ trop bavard est omniprésent dans les scènes d’intrigues et de roleplay et qu’il en vient à étouffer des personnages plutôt orientés action, il faudra spontanément chercher à insérer une scène de combat qui  pourra mettre en valeur le personnage plus physique. Sans cela, ce dernier risque de vouloir se créer lui-même cette opportunité et risque d’envoyer votre histoire au tapis !!! Cette scène peut même être jouée avec le  personnage isolé en jeu du reste du groupe, tout en étant jouée à la table et pas en aparté. Le joueur trop bavard n’aura alors rien à dire puisque son personnage n’est pas présent dans le jeu et pourra être légitimement rappelé à l’ordre par le meneur s’il devient trop bruyant.

En plus d’insérer une scène spécifique pour donner à chacun une chance de s’illustrer, il faut penser également à ne pas donner toutes les clefs à la même personne. Le groupe de personnages doit être obligé de collaborer pour résoudre le scénario. Le contre exemple parfait peut être le suivant : un scénario futuriste où le « fixer » (personne qui a plein de contacts dans beaucoup de milieux) peut atteindre toutes les réponses nécessaires à la résolution de l’histoire… Si ce personnage s’avère être en plus le bavard de la table, le reste du groupe risque de se retrouver à l’écouter agir tout du long et à finir par s’ennuyer ferme. L’astuce consiste donc à remettre à d’autres personnages des indices, tout en restant cohérent avec l’univers et les rôles de chacun.

De l’énergie à revendre

N’oubliez pas qu’un joueur extraverti et très présent est un atout pour votre table et que vous pouvez vous appuyer sur ce point fort pour améliorer l’expérience ludique de tout le groupe. Par exemple, vous pouvez discrètement en cours de jeu lui annoncer, qu’il peut arriver à tel ou tel résultat à l’aide du pouvoir ou de la capacité d’un autre joueur. Dans un jeu médiéval si le courtisan verbeux souhaite influencer un notable de la ville, vous pouvez lui rappeler au moment de l’élaboration du plan qu’avec un peu d’argent il peut arrondir les angles. Or ça tombe bien que le roublard, joué par un joueur plus discret, peut obtenir cela facilement en faisant les poches de quelqu’un sur un marché. Vous orienterez alors le groupe vers plus de collaboration et de travail d’équipe.

De même ce joueur enthousiaste peut être utilisé comme une ressource. Si vous sentez qu’il y a un léger malaise avec un autre joueur plus timide, vous pouvez demander à votre joueur bavard de coacher ou devenir le protecteur ou le tuteur en jeu d’un autre personnage. Selon la relation que vous créerez vous pourrez avoir un mentor, un allié, un tuteur, et ainsi utiliser le joueur pour mettre en valeur d’autres joueurs. Cela nécessite bien sur d’en parler avec le joueur en question hors jeu pour lui expliquer la démarche et le résultat visé. Si le joueur comprend l’intérêt, vous pouvez obtenir de très bons résultats, que vous pourrez récompenser en plus par des xps de roleplay !

Catégories : Jeu de rôles

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