Quand le meneur se met face à ses brouillons et ses notes pour préparer le prochain scénario ou la suite de la campagne, il y a des jours où l’inspiration ne vient pas… Si on veut faire le parallèle avec l’écrivain, cela correspondrait au syndrome de la page blanche ou au fameux « writer’s block » comme on le dit dans la langue d’outre-Manche/Atlantique. Comment peut-on adapter quelques unes des techniques d’écrivains ou d’auteurs au Maître du Jeu qui veut préparer un scénario et qui pourrait manquer d’inspiration face à la tache qui l’attend ?
Jouer du contenu et du contenant
Le premier obstacle qui se met en travers de la route du MJ qui veut écrire et reste coi face à la page blanche, c’est lui-même : les doutes, les blocages mentaux de toutes sortes qui peuvent entrer en ligne de compte. La solution face à cela c’est de ne pas se censurer ! Au brouillon on peut se lâcher complètement et donc d’écrire tout ce qui vous passe par la tête, même des choses stupides ou des listes de mots sans aucun sens. Quelque chose finira bien par sortir ou par émerger des idées posées sur le papier.
Une autre manière de contourner le problème consiste à se poser la question « pourquoi est ce que je prépare ce scénario, pourquoi je veux faire jouer dans cet univers là avec mon groupe plutôt qu’un autre ? ». En remontant comme cela au pourquoi vous voulez écrire, dans les réponses se trouvent peut être les premières pistes d’une histoire ou d’un scénario : peut être y a t’il un aspect de l’univers en particulier que vous aimeriez retranscrire ou bien un détail ou une symbolique que vous aimeriez mettre en scène et qui pourrait servir de point de départ.
Si vous hésitez sur la manière dont vous pouvez démarrer le scénario, vous pouvez choisir un autre angle d’approche pour aborder l’histoire que vous allez écrire : peut être faut il commencer par la fin ? Par le milieu ? Par une scène en particulier que vous voulez voir apparaître dans le scénario ? Certains grands auteurs de romans travaillent comme cela : en préparant une scène clef. Le MJ peut émuler cette technique s’il a du mal à se lancer.
Se mettre en condition… ou en changer !
Si les astuces précédentes ne vous suffisent pas pour surmonter le blocage qui peut s’emparer de tout MJ, même expérimenté, alors il faut jouer sur d’autres tableaux, et par exemple changer les conditions dans lesquels vous préparez ou écrivez le scénario. Notamment, si vous préparez régulièrement (par exemple vous jouez en campagne) peut être êtes vous entré dans une routine bien spécifique pour écrire et cela peut fonctionner. Se définir une heure, un lieu, une routine pour écrire ou préparer le scénario peut aider certains MJ. A l’inverse, si l’inspiration vient à manquer, un changement de décor voire de routine (un autre moment, un autre endroit, etc.) peut aider à casser une habitude et à générer de nouvelles idées.
Une autre technique, c’est de changer de moyen d’écrire. Si vous êtes habitué à écrire vos scénarios sur des feuilles volantes et que l’inspiration vient à manquer, pourquoi ne pas essayer d’écrire sur un ordinateur pour voir si cela peut aider ? Ou bien à l’inverse si vous êtes habitués à écrire sur ordinateur, revenir au bon vieux papier/crayon peut aider à amener des éléments novateurs dans vos histoires. Ce peut même être l’occasion de trouver les bonnes armes : rien de tel qu’un beau cahier ou un stylo flambant neuf (inutile de prendre un truc qui coute les yeux de la tête, mais quelque chose qui permet d’écrire de façon fluide et propre) pour se donner envie d’écrire !
Une dernière technique bien utile peut être de se stimuler à l’aide de la musique : écouter une musique qui reflète l’ambiance de l’univers ou de l’histoire qu’on veut faire vivre aux joueurs en écrivant peut être un moyen de générer des idées. Si vous n’avez pas d’idées sur quelles musiques, vous pouvez simplement mettre une musique qui vous « inspire » et vous évoque des choses, ou bien vous aider des playlists complètes par type d’univers et d’ambiance.
Ce que font certains auteurs « pros »
Voilà enfin quelques autres trucs qu’utilisent les gens qui travaillent régulièrement dans l’écriture et qui peuvent s’adapter plus ou moins bien au travail du meneur. Ils sont à part car pas forcément aussi facilement transposables à ce que peut faire le MJ lorsqu’il prépare :
- Travailler sur plusieurs idées ou campagnes à la fois : certains auteurs travaillent sur plusieurs livres ou projets en même temps, pour éviter la lassitude et pouvoir, lorsque les idées viennent à manquer sur le projet A, se consacrer à B avec un regard neuf. C’est une idée qui peut fonctionner pour le MJ, attention tout de même à ne pas se disperser et à rester bien focalisé sur l’histoire et la séance que l’on veut préparer (l’une des erreurs de quelques meneurs est de vouloir en faire trop en préparation au détriment du temps de jeu).
- Ouvrir un livre, reprendre ses notes, repartir d’une phrase déjà écrite : le MJ peut également prendre un livre, l’ouvrir à n’importe quelle page et partir d’une phrase déjà construite et utiliser cela comme base pour la créativité. Il peut même éventuellement repartir de ce qu’il avait préparé ou écrit précédemment et développer un pan nouveau d’une histoire ou d’une intrigue précédente. Attention tout de même à ne pas faire de redite ou à refaire jouer une histoire déjà connue des joueurs !
- Faire une pause avant de reprendre, se changer les idées : si les idées ne veulent pas venir, il ne faut pas se forcer. Faire un break, penser à autre chose, se détendre, faire de l’activité physique, se sortir la tête du scénario peut permettre de mieux y revenir. C’est un conseil qui s’adapte tout de même assez difficilement au rôliste, car au contraire, comme c’est notre passion commune, c’est en général en écrivant ou en jouant que l’on se change les idées du reste. Mais bon l’idée peut peut être aider certains donc la voilà.
- Discuter, parler avec quelqu’un d’autre : prendre des notes au cours d’une conversation ou bien même discuter complètement du scénario avec un autre rôliste (mais qui du coup ne pourra que difficilement être joueur à votre table sur cette séance) peut être un moyen de lever certains blocages.
Voilà donc ces quelques idées, puissent elles vous aider à aller plus loin et à surmonter tous les obstacles qui peuvent se dresser face au meneur intimidé par la page blanche face à lui ! Et vous quels sont vos trucs quand vous manquez d’inspiration pour préparer vos scénarios ?
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